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chacun chanter cinq airs : un air passionné (l’aria patetica), un air brillant (di bravura), un air d’un style uni (aria parlante), un air de demi-caractère, et enfin un air qui respire la joie (aria brillante). Il faut que le drame, divisé en trois actes, n’outrepasse pas un certain nombre de vers ; que chaque scène soit terminée par un aria ; que le même personnage ne chante jamais deux airs de suite ; que jamais aussi deux airs du même caractère ne se présentent l’un après l’autre. Il faut que le premier et le deuxième acte soient terminés par des airs d’une plus grande importance que ceux qui se rencontrent dans le reste de la pièce. Il faut que, dans le deuxième et le troisième acte, le poëte ménage deux belles niches, l’une pour y placer un récitatif obligé, suivi d’un air à prétention (di tranbusto) ; l’autre pour un grand duo, sans oublier que ce duo doit toujours être chanté par le premier amoureux et la première amoureuse. Sans toutes ces règles, pas de musique. Il est bien entendu, outre cela, que le poëte doit fournir au décorateur de fréquentes occasions de faire briller son talent. Ces règles, si singulières en apparence, et dont quelques-unes ont été trouvées par Métastase, l’expérience a prouvé qu’on ne pouvait s’en écarter sans nuire à l’effet de l’opéra.