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Parlo, ma non dimando
Se approvi i detti miei,
Nè se tranquilla sei
Nel ragionar di me.


Io lascio un’incostante ;
Tu perdi un cor sincero ;
Non so di noi primiero
Chi s’abbia a consolar.


So che un si fido amante
Non troverà più Nice ;
Che un’altra ingannatrice
È facile a trovar.

    xJe parle, mais je ne demande point si tu approuves mes pensées ; je ne demande point si tu es tranquille en t’occupant de moi.

    Je quitte une inconstante ; tu perds un cœur sincère ; j’ignore qui de nous deux se consolera le premier.

    Je sais que Nice ne trouvera plus un amant si fidèle ; je sais qu’une autre trompeuse est facile à trouver *.

    * Voilà l’amour dans la manière italienne, dans celle de Cimarosa : ses peines attaquent le bonheur, il est vrai, mais ne détruisent pas l’être sensible. Un Allemand nous eût décrit les ravages que le malheur a faits dans son être : il ne prouve l’énergie des passions que par le vilain tableau des maladies. Voyez, en français, les romans de madame Cottin.
    La version qu’on vient de donner n’est destinée qu’à faciliter l’intelligence de l’original. On sent à chaque vers, en traduisant cette chanson célèbre, combien la langue italienne admet plus de naturel que la nôtre. Pour n’être pas excessivement plat, il faut à tout moment s’éloigner du texte, tourner en maxime ce que le personnage exprime comme un sentiment ; on ajoute une épithéte à un mot qui eut semblé trop nu à une oreille française. Ce n’est pas sons ces couleurs que les quinze ou vingt Cours de littérature qui ont paru en France depuis quelques années peignent la langue italienne.