LETTRE II
e Dante reçut de la nature une
manière de penser profonde ; Pétrarque
un penser agréable ; Bojardo et
l’Arioste, une tête à imagination ;
le Tasse, un penser plein de noblesse : mais aucun
d’eux n’eut une pensée aussi claire et aussi
précise que Métastase ; aucun d’eux
encore n’est parvenu, en son genre, au
point de perfection que Métastase atteignit
dans le sien.
Le Dante, Pétrarque, l’Arioste, le Tasse, ont laissé quelque petite possibilité à ceux qui sont venus après eux d’imiter quelquefois leur manière. Il est arrivé à un petit nombre d’hommes d’un rare talent d’écrire quelques vers que ces grands hommes n’auraient peut-être pas désavoués.
Plusieurs sonnets du cardinal Bembo se rapprochent de ceux de Pétrarque ; Monti, dans sa Basvigliana, a quelques terzine dignes du Dante ; Bojardo a trouvé, dans Agostini, un heureux imitateur de son style, si ce n’est une imagination digne d’être comparée à la sienne. Je pourrais vous citer quelques octaves qui, par la