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tion, et nous chercherons à jeter du ridicule sur leur prétendu ravissement.

Rien n’est donc plus absurde que toute discussion sur la musique. On la sent, ou on ne la sent pas ; puis c’est tout. Malheureusement pour les intérêts de la vérité, il est devenu de mode d’être passionné pour cet art. Le vieux Duclos, cet homme qui avait tant d’esprit, et un esprit si sec, partant pour l’Italie à soixante ans, se croit obligé de nous dire qu’il est passionné pour la musique : quelle diable d’idée !

Cette langue donc, pour laquelle il est d’usage d’être passionné, est très-vague de sa nature. Elle avait besoin d’un poète qui pût guider notre imagination, et les Pergolèse et les Cimarosa ont eu le bonheur de trouver Métastase. Les expressions de cette langue vont droit au cœur, sans traverser, pour ainsi dire, l’esprit ; elles produisent directement peine ou plaisir : il fallait donc que le poëte des musiciens portât une extrême clarté dans les discours de ses personnages ; c’est ce qu’a fait Métastase.

La musique élève à une beauté idéale tous les caractères qu’elle touche. Beaumarchais a peint Chérubin d’une manière charmante ; Mozart, employant une langue plus puissante, a fait chanter à Chérubin les airs