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Che abisso di pene !
Quel abîme de peines !
Lasciare il suo bene,
Laisser tout ce qu’on aime,
Lasciarlo per sempre,
Le quitter pour toujours,
Lasciarlo cosi !
Et le quitter ainsi !

quelque tendresse qu’un habile acteur mît dans la manière de les réciter, il ne les dirait qu’une fois il ne peindrait qu’une des mille manières dont l’âme du malheureux Mégaclès est déchirée. Chacun de nous sent confusément qu’au moment d’un départ si cruel, on répète, de vingt manières passionnées et différentes, à l’ami qui reste auprès d’une maîtresse si chérie,

Ah no, si gran duolo
Non darle per me ;
Rispondi, ma solo :
Piangendo parti.

L’amant malheureux dira ces vers, tantôt avec un attendrissement extrême, tantôt avec résignation et courage, tantôt avec un peu d’espérance d’un meilleur sort, tantôt avec tout le désespoir du malheur évident.

Il ne pourra parler à son ami de la douleur où va être plongée Aristée quand elle reprendra ses sens, sans songer lui-même