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connaître ; mais elles ont un charme nouveau : vous vous sentez doucement transporté dans le pays des houris de Mahomet.

Ce sont des pièces portées à ce degré d’idéal, et qu’il faut absolument ne pas lire, et entendre seulement avec la musique, que les froids critiques d’un certain peuple ont examinées comme des tragédies. Ces pauvres diables, assez semblables à ce Crescembeni, un de leurs illustres prédécesseurs en Italie, qui, dans son cours de littérature, prit le Morgante maggiore, le poëme le plus bouffon, et même quelque chose de plus, pour un ouvrage sérieux ; ces pauvres gens, qui auraient bien dû s’appliquer à quelque métier plus solide, ne se sont seulement pas aperçus que Métastase était si loin de chercher à inspirer la terreur, qu’il se refuse même la peinture de l’odieux : et c’est en cela qu’il a dû être protégé par les gouvernements qui veulent inspirer la volupté à leurs peuples. Trouver une meilleure manière d’arranger les choses, blâmer ce qui existe ; fi donc ! c’est nous rendre haïssants, c’est chercher à nous rendre malheureux ; c’est un manque de politesse.

Ces pauvres critiques ont été bien scandalisés des fréquentes infractions commises par Métastase à la règle de l’unité du lieu ; ils ne se sont pas doutés que le