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que Raphaël orna de ces arabesques charmantes qui sont peut-être ce que le génie et l’amour ont jamais inspiré de plus pur et de plus divin. Notre Français est choqué des manques de vraisemblance : sa raison ne peut admettre ces têtes de femmes portées par des corps de lions, ces amours à cheval sur des chimères. Cela n’est pas dans la nature, dit-il d’un ton dogmatique ; rien de plus vrai, et il l’est également que vous n’êtes pas susceptible de ce plaisir, mêlé d’un peu de folie, qu’un homme, né sous un ciel plus heureux, trouve le soir d’une journée brûlante en prenant des glaces dans la villa d’Albano. Il est avec une société de femmes aimables ; la chaleur qui vient de cesser le porte à une douce langueur : couché sur un divan d’étoffe de crin, il suit, à un plafond brillant des plus riches couleurs, les formes charmantes que Raphaël a données à ces êtres qui, ne ressemblant à rien que nous ayons rencontré ailleurs, ne nous apportent aucune de ces idées communes qui, dans ces instants rares et délicieux, nuisent tant au bonheur.

Je crois bien aussi que les théâtres sombres de l’Italie, et ces loges, qui sont des salons, contribuent beaucoup à l’effet de la musique. Combien, en France, de femmes aimables qui savent l’anglais, et