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ennuyeuse. Cet art ne peut absolument pas rendre le mot d’Horace :

Albano tu sei, io non ti conosco più

et l’exaltation patriotique de tout ce rôle ; tandis que la tendresse seule anime tous les personnages de la Clémence. Quoi de plus tendre que Titus disant à son ami :

Avoue-moi ta faute, l’empereur n’en saura rien ; l’ami seul est avec toi.

Le pardon de la fin, quand il lui dit :

Soyons amis,

fait venir les larmes aux yeux aux traitants les plus endurcis. C’est ce que j’ai vu à Kœnigsberg, après la terrible retraite de Moscou. En réabordant au monde civilisé, nous trouvâmes la Clémence de Titus très bien montée dans cette ville, où les Russes eurent la politesse de nous donner vingt jours de repos, dont, en vérité, nous avions grand besoin.

Il faut absolument avoir vu la Flûte enchantée pour s’en faire une idée. La pièce, qui ressemble aux jeux d’une imagination tendre en délire, est divinement d’accord avec le talent du musicien. Je suis convaincu que, si Mozart avait eu le