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avoir du succès. Ainsi aucun journal n’annonça ce petit ouvrage ; mais en Angleterre il a eu les honneurs d’une traduction[1], et les revues les plus estimées ont bien voulu discuter les idées de l’auteur. Voici sa réponse.

J’ai cherché à analyser le sentiment que nous avons en France pour la musique. Une première difficulté, c’est que les sensations que nous devons à cet art enchanteur sont extrêmement difficiles à rappeler par des paroles. Je me suis aperçu que, pour donner quelque agrément à l’analyse philosophique que j’avais entreprise, il fallait écrire les vies de Haydn, de Mozart et de Métastase. Haydn m’offrait tous les genres de musique instrumentale ; Mozart, sans cesse comparé à son illustre rival Cimarosa, donnait les deux genres de musique dramatique ; celle où la voix est tout, et celle où la voix ne fait presque que nommer les sentiments que les instruments réveillent avec une si étonnante puissance. La vie de Métastase amenait naturellement l’examen de ce que doivent être les poëmes destinés à conduire l’imagination, cette folle de la maison, dans les contrées romantiques que la musique rend visibles aux âmes qu’elle entraîne.

  1. Chez Murray, 1817 ; 496 pages, avec des notes savantes.