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d’avance pour ce morceau de musique. » Mozart, indigné, lui rendit sur-le-champ ses souverains ; mais le comte ne parla pas de la partition originale du morceau à cinq instruments, et bientôt après elle parut chez Artaria, comme quatuor de clavecin, avec accompagnement de violon, d’alto et de violoncelle.

On a remarqué que Mozart était très prompt à prendre des habitudes nouvelles. La santé de sa femme, qu’il aima toujours avec passion, était fort chancelante : dans une longue maladie qu’elle fit, il courait au-devant de ceux qui venaient la voir, en mettant un doigt sur la bouche, et leur faisant signe de ne pas faire de bruit. Sa femme guérit, mais pendant longtemps il aborda les gens qui entraient chez lui en mettant le doigt sur la bouche, et en ne leur parlant lui-même qu’à voix basse. Pendant cette maladie, il allait, quelquefois, de grand matin, se promener seul à cheval ; mais il avait toujours soin, avant de partir, de laisser auprès de sa femme un papier en forme d’ordonnance du médecin. Voici une de ces ordonnances : « Bonjour, ma bonne amie, je souhaite que tu aies bien dormi, que rien ne t’ait dérangée ; prends garde de ne point prendre froid, et de ne pas te faire mal en te baissant ; ne te fâche pas contre tes domes-