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CHAPITRE VI


Un jour un directeur de spectacle, qui était fort mal dans ses affaires et presque au désespoir, vint trouver Mozart, et lui exposa sa situation, en ajoutant : « Vous êtes le seul homme au monde qui puissiez me tirer d’embarras ! — Moi, réplique Mozart ; comment cela ? — En me composant un opéra tout à fait dans le goût du public qui fréquente mon théâtre ; vous pourrez également travailler, jusqu’à un certain point, pour les connaisseurs et pour votre gloire ; mais ayez surtout égard aux classes du peuple qui ne se connaissent pas à la belle musique. J’aurai soin que vous ayez bientôt le poëme, que les décorations soient belles ; en un mot, que tout soit comme on le veut aujourd’hui. » Mozart, touché de la prière de ce pauvre diable, lui promit de se charger de son affaire. « Combien demandez-vous pour vos honoraires ? répliqua le directeur du théâtre. — Mais vous n’avez rien, dit Mozart : écoutez cependant, voici comment nous arrangerons la chose