Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/336

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pardon à Votre Majesté, lui répondit Mozart très sèchement ; il y a précisément autant de notes qu’il en faut. » Joseph ne dit rien, et parut un peu embarrassé de la réponse ; mais lorsque l’opéra fut joué, il en fit les plus grands éloges.

Mozart fut ensuite moins content lui-même de son ouvrage ; il y fit beaucoup de corrections et de retranchements : et depuis, en exécutant sur le piano un des airs qui avaient été le plus applaudis : « Cela est bon dans la chambre, dit-il, mais pour le théâtre il y a trop de verbiage. Dans le temps où je composais cet opéra, je me complaisais dans ce que je faisais, et n’y trouvais rien de trop long. »

Mozart n’était nullement intéressé ; la bienfaisance, au contraire, faisait son caractère : il donnait souvent sans choix, et dépensait son argent plus souvent encore sans raison.

Dans un voyage qu’il fit à Berlin, le roi Frédéric-Guillaume II lui proposa trois mille écus d’appointements (onze mille francs) s’il voulait rester à sa cour et se charger de la direction de son orchestre. Mozart répondit seulement : « Dois-je quitter mon bon empereur ? » Cependant, à cette époque, Mozart n’avait point encore d’appointements fixes à Vienne. Un de ses amis lui reprochant, dans la suite, de n’avoir pas