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CHAPITRE IV


Un amateur d’une ville où Mozart passait dans un de ses voyages réunit chez lui une nombreuse société pour procurer à ses amis le plaisir d’entendre ce musicien célèbre, qui lui avait promis de s’y trouver. Mozart arrive, ne dit pas grand’chose, et se met au piano. Croyant n’être entouré que de connaisseurs, il commença, dans un mouvement très-lent, à exécuter de la musique d’une harmonie suave, mais extrêmement simple, voulant ainsi préparer ses auditeurs aux sentiments qu’il avait dessein d’exprimer. La société trouva cela fort commun. Bientôt son jeu devint plus vif ; on le trouva assez joli. Il devint sévère et solennel, d’une harmonie frappante, élevée, et en même temps plus difficile ; quelques dames commencèrent à le trouver décidément ennuyeux et à se communiquer quelques mots de critique ; bientôt la moitié du salon se mit à causer. Le maître de la maison était sur les épines ; et enfin Mozart s’aperçut de l’impression que sa musique fai-