Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/309

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

disait alors qu’il était défendu aux musiciens du pape, sous peine d’excommunication, d’en donner des copies, Wolfgang se proposa de le retenir par cœur. Il l’écrivit, en effet, en rentrant à l’auberge. Ce Miserere étant répété le vendredi saint, il y assista encore, en tenant le manuscrit dans son chapeau, et y put faire ainsi quelques corrections. Cette anecdote fit sensation dans la ville. Les Romains, doutant un peu de la chose, engagèrent l’enfant à chanter ce Miserere dans un concert. Il s’en acquitta à ravir. Le castrat Cristofori, qui l’avait chanté à la chapelle Sixtine, et qui était présent, rendit, par son étonnement, le triomphe de Mozart complet.

La difficulté de ce que faisait Mozart est bien plus grande qu’on ne se l’imaginerait d’abord. Mais je supplie qu’on me permette quelques détails sur la chapelle Sixtine et sur le Miserere.

Il y a ordinairement dans cette chapelle au moins trente-deux voix, et ni orgue, ni aucun instrument pour les accompagner ou les soutenir. Cet établissement atteignit le plus haut point de perfection auquel il soit parvenu vers le commencement du dix-huitième siècle. Depuis, les salaires des chantres étant restés nominativement les mêmes à la chapelle du pape, et par consé-