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un grand éloge, parce qu’il en tirait des sons extrêmement doux. Schachtner arriva un jour chez le jeune Mozart pendant qu’il s’amusait à jouer de son propre violon. Que fait votre violon ? fut la première demande de l’enfant, et puis il continua de jouer des fantaisies. Enfin, après avoir réfléchi quelques instants, il dit à Schachtner : « Ne pourriez-vous pas laisser votre violon accordé comme il l’était la dernière fois que je m’en suis servi ? Il est à un demi-quart de ton au-dessous de celui que je tiens. » On rit d’abord de cette exactitude scrupuleuse ; mais Mozart père, qui déjà plusieurs fois avait eu occasion d’observer la singulière mémoire que son fils avait pour retenir les tons, fit apporter le violon et, au grand étonnement de tous les assistants, il était à un demi-quart de ton au-dessous de celui que Wolfgang tenait.

Quoique l’enfant vît tous les jours de nouvelles preuves de l’étonnement et de l’admiration que ses talents inspiraient, il ne devint ni opiniâtre ni orgueilleux ; homme pour le talent, il a toujours été, dans tout le reste, l’enfant le plus complaisant et le plus docile. Jamais il ne s’est montré mécontent de ce que lui ordonnait son père. Lors même qu’il s’était fait entendre une journée entière, il continuait