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au compositeur, je joue un de vos concertos, il faut que vous me tourniez les feuilles. »

Jusqu’alors Wolfgang n’avait joué que du clavecin, et l’habileté extraordinaire qu’il montrait sur cet instrument semblait éloigner jusqu’à l’idée de vouloir qu’il s’appliquât aussi à quelque autre. Mais le génie qui l’animait devança de beaucoup tout ce qu’on aurait osé désirer : il n’eut pas même besoin de leçons.

En revenant de Vienne à Salzbourg avec ses parents, il rapporta un petit violon dont on lui avait fait présent pendant son séjour dans la capitale ; il s’amusait avec cet instrument. Peu de temps après ce retour, Wenzl, habile violon, et qui commençait alors à composer, vint trouver Mozart le père, pour lui demander ses observations sur six trios qu’il avait faits pendant le voyage de celui-ci à Vienne. Schachtner, trompette de la musique de l’archevêque, l’une des personnes auxquelles le jeune Mozart était le plus attaché, se trouvait en ce moment chez son père, et c’est lui même que nous laisserons parler. « Le père, dit Schachtner, jouait de la basse, Wenzl le premier violon, et moi je devais jouer le second violon. Le jeune Mozart demanda la permission de faire cette dernière partie ; mais le père le gronda de cette demande enfantine,