Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/295

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sitôt des larmes rouler dans ses yeux. Du moment où il connut la musique, son goût pour les jeux et les amusements de son âge s’évanouit, ou, pour que ces amusements lui plussent, il fallait y mêler de la musique. Un ami de ses parents s’amusait souvent à jouer avec lui ; quelquefois ils portaient des joujoux en procession d’une chambre dans une autre ; alors celui qui n’avait rien à porter chantait une marche, ou la jouait sur le violon.

Durant quelques mois le goût des études ordinaires de l’enfance prit un tel ascendant sur Wolfgang, qu’il lui sacrifia tout, et jusqu’à la musique. Pendant qu’il apprit à calculer, on voyait toujours les tables, les chaises, les murs, et même le plancher couvert de chiffres qu’il y traçait avec de la craie. La vivacité de son esprit le portait à s’attacher facilement à tous les objets nouveaux qu’on lui présentait. La musique cependant redevint l’objet favori de ses études ; il y fit des progrès si rapides, que son père, quoiqu’il fût toujours avec lui et à portée d’en observer la marche, les regarda plus d’une fois comme un prodige.

L’anecdote suivante, racontée par un témoin oculaire, prouvera ce qui vient d’être dit. Mozart le père revenait un jour de l’église avec un de ses amis ; il trouva