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lait sa joie lorsqu’il avait trouvé cet accord harmonieux. Je vais entrer dans des détails minutieux qui, je suppose, pourront intéresser le lecteur.

Lorsqu’il eut quatre ans, son père commença à lui apprendre, presque en jouant, quelques menuets, et d’autres morceaux de musique ; cette occupation était aussi agréable au maître qu’à l’élève. Pour apprendre un menuet il fallait une demi-heure à Mozart, et à peine le double pour un morceau de plus grande étendue. Aussitôt après il les jouait avec la plus grande netteté, et parfaitement en mesure. En moins d’une année il fit des progrès si rapides, qu’à cinq ans il inventait déjà de petits morceaux de musique qu’il jouait à son père, et que ce dernier, pour encourager le talent naissant de son fils, avait la complaisance d’écrire. Avant l’époque où le petit Mozart prit du goût pour la musique, il aimait tellement tous les jeux de son âge qui pouvaient un peu intéresser son esprit, qu’il leur sacrifiait jusqu’à ses repas. Dans toutes les occasions il montrait un cœur sensible et une âme aimante. Il lui arrivait souvent de dire, jusqu’à dix fois dans la journée, aux personnes qui s’occupaient de lui, M’aimez-vous bien ? et lorsqu’en badinant elles lui disaient que non, on voyait aus-