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table passion dans le cœur de l’artiste ?

Après la pureté angélique de Virgile, on eut à Rome l’esprit de Sénèque. Nous avons aussi nos Sénèques à Paris, qui, tout en vantant la belle simplicité et le naturel de Fénelon et du siècle de Louis XIV, s’en éloignent le plus possible par un style pointu et plein d’affectation. De même Sacchini et Cimarosa disparaissent des théâtres d’Italie, pour faire place à des compositeurs qui, brûlant de se distinguer, tombent dans la recherche, dans l’extravagance, dans la déraison, et cherchent plus à étonner qu’à toucher. La difficulté et l’ennui du concerto s’introduisent partout. Ce qu’il y a de pis, c’est que l’habitude des mets préparés avec toutes les épices de l’Inde rend insensible au parfum suave de la pêche.

On dit que les hommes qui, à Paris, veulent se conserver le goût pur en littérature, ne lisent, comme modèles, que les écrivains qui ont paru avant la fin du dix-septième siècle, et les quatre grands auteurs du siècle suivant ; ils voient les livres qui ont paru depuis et tous ceux qui s’impriment journellement pour les faits qu’ils peuvent contenir.

Historia, quoquo modo scripta, placet.

Mais ils cherchent à se garantir de la contagion de leur style.