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Les Pergolèse et les Sacchini ont écrit sous la dictée des passions. Actuellement les artistes les plus distingués travaillent dans le genre amusant. Quoi de plus divertissant que les Cantatrici villane de Fioravanti ? Comparez-les au Matrimonio segreto. Le Matrimonio fait un plaisir extrême quand on est dans une certaine disposition ; les Cantatrici amusent toujours. Je prie qu’on se souvienne des spectacles qu’on donnait aux Tuileries en 1810. Tout le monde préférait les Cantatrici à tous les autres opéras italiens, parce que, pour être amusé par ces aimables habitantes de Frascati, il faut la moindre dose de sensibilité dont la musique puisse se contenter, et c’était précisément ce qu’on avait à leur offrir. Être en habit habillé, et au spectacle d’une cour toute remplie des anxiétés de l’ambition, est certainement la disposition la moins favorable à la musique.

Dans les arts, et, je crois, dans toutes les actions de l’homme qui admettent de l’originalité, ou l’on est soi-même, ou l’on n’est rien. Je suppose donc que les musiciens qui travaillent dans le genre amusant trouvent que ce genre est le meilleur de tous, et sont des gens sans véritable chaleur dans l’âme, sans passion. Or, que sont les arts sans véri-