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LETTRE XXII

De Vienne, le 22 août 1809.


De retour dans la capitale de l’Autriche, j’ai à vous apprendre, mon cher ami, que la larve de Haydn nous a aussi quittés. Ce grand homme n’existe plus que dans notre mémoire. Je vous ai dit souvent qu’il s’était extrêmement affaibli avant d’entrer dans la soixante-dix-huitième année de sa vie, qui en a été la dernière. Il s’approchait de son piano, les vertiges paraissaient, et ses mains quittaient les touches pour prendre le rosaire, dernière consolation.

La guerre vint à s’allumer entre l’Autriche et la France. Cette nouvelle ranima Haydn, et vint user le reste de ses forces.

À chaque instant, il demandait des nouvelles, il allait à son piano, et avec le filet de voix qui lui restait, il chantait :

Dieu, sauvez François !

Les armées françaises firent des pas de géant. Enfin parvenues à Schœnbrunn,