LETTRE XXII
e retour dans la capitale de l’Autriche,
j’ai à vous apprendre, mon cher
ami, que la larve de Haydn nous
a aussi quittés. Ce grand homme n’existe
plus que dans notre mémoire. Je vous ai
dit souvent qu’il s’était extrêmement affaibli
avant d’entrer dans la soixante-dix-huitième
année de sa vie, qui en a été la
dernière. Il s’approchait de son piano,
les vertiges paraissaient, et ses mains quittaient
les touches pour prendre le rosaire,
dernière consolation.
La guerre vint à s’allumer entre l’Autriche et la France. Cette nouvelle ranima Haydn, et vint user le reste de ses forces.
À chaque instant, il demandait des nouvelles, il allait à son piano, et avec le filet de voix qui lui restait, il chantait :
Dieu, sauvez François !
Les armées françaises firent des pas de géant. Enfin parvenues à Schœnbrunn,