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imaginées par lui-même, Haydn fit un bel adieu au monde et à la vie.

Le chevalier Capellini, médecin du premier ordre, vint à s’apercevoir que les jambes de Haydn n’étaient pas assez couvertes. À peine avait-il dit un mot à ses voisins, que les plus beaux châles abandonnèrent les femmes charmantes qu’ils couvraient pour venir réchauffer le vieillard chéri.

Haydn, que tant de gloire et d’amour avaient fait pleurer plusieurs fois, se sentit faible à la fin de la première partie. On enlève son fauteuil : au moment de sortir de la salle, il fait arrêter les porteurs, remercie d’abord le public par une inclination, ensuite se tournant vers l’orchestre par une idée tout à fait allemande, il lève les mains au ciel, et, les yeux pleins de larmes, il bénit les anciens compagnons de ses travaux.