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Les visites de ses amis le réveillent un peu ; quelquefois même il suit assez bien une idée. Par exemple, en 1805, les journaux de Paris annoncèrent sa mort, et comme il était membre honoraire de l’Institut, cette compagnie illustre, qui n’a pas la pesanteur allemande, fit célébrer une messe en son honneur. Cette idée amusa beaucoup Haydn. Il répétait : « Si ces messieurs m’avaient averti, je serais allé moi-même battre la mesure de la belle messe de Mozart qu’ils ont fait exécuter pour moi. » Mais, malgré sa plaisanterie, au fond du cœur il était fort reconnaissant.

Peu après, la veuve et le fils de Mozart célébrèrent le jour de naissance de Haydn par un concert qu’ils donnèrent au joli théâtre de la Wieden. On exécuta une cantate que le jeune Mozart avait composée en l’honneur du rival immortel de son père. Il faut connaître la profonde bonté des cœurs allemands pour se figurer l’effet de ce concert. Je parierais que, pendant les trois heures qu’il dura, il n’y eut pas une plaisanterie, bonne ou mauvaise, de faite dans la salle.

Ce jour rappela au public de Vienne la perte qu’il avait faite, et celle qu’il était sur le point de faire.

On s’arrangea pour donner la Création