Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/262

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tensia. Ils s’approchent, le remercient du plaisir qu’il vient de leur donner, et lui avouent que c’est à l’impression que sa voix a faite sur eux qu’il est redevable de son salut. Ils lui expliquent ensuite l’affreux motif de leur voyage, et lui conseillent de quitter Rome sur-le-champ, pour qu’ils puissent faire croire au Vénitien qu’ils sont arrivés trop tard.

Stradella et Hortensia se hâtèrent de profiter du conseil, et se rendirent à Turin. Le noble Vénitien, de son côté, ayant reçu le rapport de ses agents, n’en devint que plus furieux. Il alla à Rome se concerter avec le père même d’Hortensia. Il fit entendre à ce vieillard qu’il ne pouvait laver son déshonneur que dans le sang de sa fille et de son ravisseur. Ce père dénaturé prit avec lui deux assassins, et partit pour Turin, après s’être fait donner des lettres de recommandation pour le marquis de Villars, qui était alors ambassadeur de France à cette cour.

Cependant la duchesse régente de Savoie, instruite de l’aventure des deux amants à Rome, voulut les sauver. Elle fit entrer Hortensia dans un couvent, et donna à Stradella le titre de son premier musicien, ainsi qu’un logement dans son palais. Ces précautions parurent suffisantes, et les amants jouissaient depuis quelques mois