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Alessandro Stradella, qui vivait vers 1650.

Il fréquentait les maisons les plus distinguées de Venise, et les dames de la première noblesse se disputaient l’avantage de prendre de ses leçons. Ce fut ainsi qu’il fit la connaissance d’Hortensia, dame romaine qui était aimée d’un noble vénitien. Stradella en devint amoureux, et n’eut pas de peine à supplanter son rival. Il enleva Hortensia, et la conduisit à Rome, où ils se firent passer pour mariés. Le Vénitien, furieux, mit sur leurs traces deux assassins, qui, après les avoir cherché inutilement dans plusieurs villes d’Italie, découvrirent enfin le lieu de leur retraite, et arrivèrent à Rome un soir que Stradella donnait un oratorio dans la belle église de Saint-Jean de Latran. Les assassins résolurent d’exécuter leur commission lorsqu’on sortirait de l’église, et entrèrent pour veiller sur une de leurs victimes, et chercher si Hortensia ne serait point parmi les spectateurs.

À peine eurent-ils entendu pendant quelques instants la voix délicieuse de Stradella, qu’ils se sentirent attendris. Ils eurent des remords, ils répandirent des larmes, et enfin ne songèrent plus qu’à sauver les amants dont ils avaient juré la perte. Ils attendent Stradella à la porte de l’église ; ils le voient sortir avec Hor-