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Le rossignol plaît à tous les peuples ; c’est que son chant entendu pendant les nuits des beaux jours de la fin du printemps, qui partout sont l’instant le plus aimable de l’année, est une chose agréable, signe d’une chose charmante. J’ai beau être un homme du Nord, le chant du rossignol me rappelle toujours les courses que l’on fait pour rentrer chez soi, à Rome, après les conversazioni, vers les deux heures du matin, durant les belles nuits d’été. On est assourdi, en passant dans ces rues solitaires, par les sons scintillants des rossignols qu’on élève dans chaque maison. Ce chant rappelle d’autant plus vivement les beaux jours de l’année, que ne pouvant pas entendre le rossignol à volonté, nous n’usons pas ce plaisir en nous le donnant à contre-temps, quand nous ne sommes pas disposés à le goûter.

Haydn écrivait sa Création sur un texte allemand, qui ne peut recevoir la mélodie italienne. Comment aurait-il pu, même en le voulant, chanter comme Sacchini ? Ensuite, né en Allemagne, connaissant son âme et les âmes de ses compatriotes, c’est apparemment à eux qu’il voulait plaire d’abord. On peut critiquer un homme quand on voit qu’il manque la route qui conduit au but qu’il se propose d’atteindre ;