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seulement il tressaille dès qu’il voit un buisson d’acacia ; c’est réellement le seul souvenir distinct, qu’il ait conservé du moment le plus délicieux de sa vie.

Le plaisir augmente les sept ou huit premières fois que vous entendez le duo

Piaceri dell’anima,
Contenti soavi !

Cimarosa, Nemici generosi

Mais une fois que vous l’aurez bien compris, l’agrément diminuera à chaque répétition. Si, en musique, le plaisir est le seul thermomètre du beau, ce duo deviendra moins admirable à mesure que vous l’entendrez davantage. Quand vous l’aurez entendu trente fois, que l’actrice y substitue le duo

Cara, cara !

du Matrimonio, que vous ne connaîtriez pas, celui-ci vous fera beaucoup plus de plaisir, parce qu’il sera nouveau pour vous. Si l’on vous demandait ensuite lequel est le plus beau de ces deux duos, et que vous voulussiez répondre d’après votre cœur, je pense que vous seriez fort en peine.

Je suppose que vous ayez un apparte-