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a mis l’air suivant, pendant lequel tout l’orchestre ne manque pas d’imiter les bêtes qui y sont nommées :

Talor la granocchiella nel pantano
Per allegrezza canta : quà, quà, rà ;
Tribbia il grillo : tri, tri, tri ;
L’agnellino fa : bè, bé ;
L’usignuolo : chiù, chiù, chiù ;
Ed il gal : curi chi chi.

Les savants vous diront qu’un peu plus anciennement Aristophane avait employé sur le théâtre ce genre d’imitation. Pour Haydn, il en a usé très sobrement dans la Création et dans les Quatre Saisons : il rend, par exemple, divinement bien le roucoulement des colombes ; mais il résista courageusement au baron descriptif, qui voulait aussi entendre le cri des grenouilles.

En musique, la meilleure des imitations physiques est peut-être celle qui ne fait qu’indiquer l’objet dont il est question, qui nous le montre à travers un nuage, qui se garde bien de nous rendre avec une exactitude scrupuleuse la nature telle qu’elle est : cette espèce d’imitation est ce qu’il y a de mieux dans le genre descriptif. Gluck en fournit un exemple agréable dans l’air du Pèlerin de la Mecque, qui rappelle le murmure d’un ruisseau ; Hændel a imité le bruit tranquille de la neige, dont