Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

accompagnements sont écrits à trois parties seulement ; mais, pour me servir d’une phrase napolitaine adoptée par Gluck, il n’y a pas une note che non tiri sangue. Hændel se garde surtout de faire un usage continuel des instruments à vent, dont l’harmonie si suave éclipse même la voix humaine. Cimarosa n’a employé les flûtes que dans les premiers morceaux du Mariage secret : Mozart, au contraire, s’en sert toujours.

On croyait avant Haydn que l’oratorio, inventé en 1530 par saint Philippe Neri, pour réveiller la ferveur dans Rome un peu profane, en attachant les sens par l’intérêt du drame et par une innocente volupté, avait atteint la perfection dans les mains de Marcello, de Hasse et de Hændel, qui en écrivirent un si grand nombre et de si sublimes. La Destruction de Jérusalem, de Zingarelli, qu’on vous donne à Paris, et qui vous plaît encore, quoique indignement mutilée, n’est déjà plus un véritable oratorio. Un morceau vraiment pur en ce genre doit présenter, comme ceux des maîtres que je viens de