Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/207

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LETTRE XVII

Salzbourg, le 30 mai 1809.

Mon cher Louis,


Il me restait à vous parler de la Création. C’est le plus grand ouvrage de notre compositeur ; c’est le poëme épique de la musique. Vous saurez que j’ai fait confidence des épîtres que je vous écris à une de mes amies de Vienne, réfugiée dans ces montagnes, ainsi que plusieurs des premières familles de cette malheureuse ville. Le secrétaire de cette amie transcrit mes lettres, et m’évite ainsi le plus grand des ennuis, selon moi, qui est de revenir deux fois sur les mêmes idées. Je lui disais que je serais obligé de sauter à pieds joints la Création, que je n’ai entendue qu’une ou deux fois : « Eh bien ! m’a-t-elle répondu, c’est moi qui ferai cette lettre à votre ami de Paris. » Comme je lui faisais quelques petites objections de politesse : « Me croyez-vous donc incapable d’écrire à un