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les prières. Benoît XIV crut détruire le scandale en proscrivant les instruments à vent : il ne conserva que l’orgue ; mais l’inconvenance n’était pas dans les instruments, elle se trouvait dans le genre même de la musique.

Haydn, qui connut de bonne heure la sécheresse de l’ancienne musique sacrée, le luxe profane que les Italiens portent de nos jours dans le sanctuaire, et le genre monotone et sans expression de la musique allemande, vit qu’en faisant ce qu’il sentait être convenable, il se créerait une manière entièrement nouvelle : il prit donc peu ou rien de la musique de théâtre ; il conserva, par la solidité de l’harmonie, une partie de l’air grandiose et sombre de l’ancienne école ; il soutint, par tout le luxe de son orchestre, des chants solennels, tendres, pleins de dignité et cependant brillants : des grâces et des fleurs vinrent adoucir de temps en temps cette grande manière de chanter les louanges de Dieu, et de le remercier de ses bienfaits.

Il n’avait eu de précurseur dans ce genre que Sammartini, ce compositeur de Milan dont je vous ai déjà parlé.

Si, dans une de ces immenses cathédrales gothiques qu’on rencontre souvent en Allemagne, par un jour sombre pénétrant à peine au travers de vitraux colo-