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que nous ont conservées les chants grégorien et ambrosien. Les savants établissent, par de bonnes raisons, que ces chants dont nous avons les vestiges sont les mêmes qui servaient en Grèce au culte de Jupiter et d’Apollon.

Après Guy d’Arezzo, qui passe pour avoir trouvé, en 1032, les premières idées du contre-point, on l’introduisit bientôt dans la musique d’église ; mais jusqu’à l’époque de Palestrina, c’est-à-dire vers l’an 1570, cette musique ne fut qu’un tissu de sons harmonieux presque entièrement privés de mélodie perceptible. Dans le quinzième siècle et la première moitié du suivant, les maîtres, pour donner de l’agrément à leurs messes, les faisaient sur l’air de quelque chanson populaire ; c’est ainsi que plus de cent messes furent composées sur l’air connu de la chanson de l’Homme armé.

La bizarrerie studieuse du moyen âge poussa d’autres maîtres à composer leur musique sacrée à coups de dés : chaque nombre amené ainsi avait des passages de musique qui lui correspondaient. Enfin parut Palestrina[1] : ce génie immortel, auquel nous devons la mélodie moderne,

  1. Né en 1529, neuf ans après la mort de Raphaêl, mort en 1594.