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Paisiello compose dans son lit. C’est entre deux draps qu’il a trouvé le Barbier de Séville, la Molinara et tant de chefs-d’œuvre de grâce et de facilité.

La lecture d’un passage de quelque saint père ou de quelque classique latin est nécessaire à Zingarelli pour improviser ensuite en moins de quatre heures un acte entier de Pirro ou de Roméo et Juliette. Je me souviens d’un frère d’Anfossi, qui promettait beaucoup et qui mourut jeune. II ne pouvait écrire une note s’il n’était au milieu de poulets rôtis et de saucisses fumantes.

Pour Haydn, solitaire et sobre comme Newton, ayant au doigt la bague que le grand Frédéric lui avait envoyée, et qui, disait-il, était nécessaire à son imagination, il s’asseyait à son piano, et après quelques instants son imagination planait au milieu des anges. Rien ne le troublait à Eisenstadt ; il vivait tout entier à son art, et loin des pensées terrestres.

Cette existence monotone et douce, remplie par un travail agréable, ne cessa qu’à la mort du prince Nicolas, son patron, en 1789.

Un effet singulier de cette vie retirée, c’est que notre compositeur, ne sortant jamais de la petite ville, apanage de son prince, fut le seul homme, s’occupant de