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un opéra, s’aperçut que les chanteurs et cantatrices ne valaient rien, et de plus, n’avaient nulle envie de bien faire : « Ah ! canailles, leur dit-il, je ferai chanter l’orchestre ; l’opéra ira aux nues, et vous à tous les diables. »

La troupe du prince Esterhazy, sans être précisément comme celle de Padoue, n’était pas excellente ; d’ailleurs Haydn, retenu dans sa patrie par mille liens, n’en sortit que déjà vieux, et n’écrivit jamais pour des théâtres publics.

Ces considérations vous préparent, mon cher Louis, à l’aveu que j’ai à vous faire relativement à la musique dramatique de notre compositeur.

Il avait trouvé la musique instrumentale dans l’enfance ; la musique chantée était au contraire, quand il parut, dans toute sa gloire : Pergolèse, Leo, Scarlatti, Guglielmi, Piccini et vingt autres l’avaient portée à un point de perfection qui depuis n’a été atteint et quelquefois surpassé que par Cimarosa et Mozart. Haydn ne s’éleva point à la beauté des mélodies de ces hommes célèbres : il faut avouer que, dans ce genre, il a été surpassé et par ses contemporains Sacchini, Cimarosa, Zingarelli, Mozart, etc., et même par ses successeurs, Tarchi, Nazolini, Fioravanti, Farinelli, etc.