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que devaient donner chacune des sept paroles du Sauveur. Haydn seul concourut ; Il envoya ces symphonies où

Spiega con tal pietate il suo concetto,
E il suon con tal dolcezza v’accompagna,
Che al crudo inferno intenerisce il petto
[1].

Dante.

À quoi bon les louer ? Il faut les entendre, être chrétien, pleurer, croire et frémir. Dans la suite, Michel Haydn, frère de notre compositeur, ajouta des paroles et un chant à cette sublime musique instrumentale : sans y rien changer, il la fit devenir accompagnement : travail énorme, qui aurait effrayé un Monteverde ou un Palestrina. Ce chant ajouté est à quatre voix.

Quelques-unes des symphonies de Haydn ont été écrites pour les jours saints[2]. Au milieu de la douleur qu’elles expriment, il me semble entrevoir la vivacité caractéristique de Haydn, et çà et là des mouvements de colère par lesquels l’auteur désigne peut-être les Hébreux crucifiant leur Sauveur.

Voilà, mon cher Louis, le résumé de ce

  1. Il exprime sa prière avec un accent si tendre, les sons qui l’accompagnent sont si doux, que le dur enfer en est touché.
  2. Elles sont en G sol re ut, D la sol re, C sol la ut mineur.