LETTRE X
’ai souvent vu demander à Haydn
quel était celui de ses ouvrages qu’il
préférait, il répondait :
« Les Sept Paroles. » Voici d’abord l’explication du
titre. Il y a cinquante ans, je crois, que
l’on célébrait, le jeudi saint, à Madrid et à
Cadix, une prière appelée de l’entierro :
ce sont les funérailles du Rédempteur.
La religion et la gravité du peuple espagnol
environnaient cette cérémonie d’une
pompe extraordinaire : un prédicateur
expliquait successivement chacune des
sept paroles prononcées par Jésus du haut
de sa croix ; une musique digne de ce grand
sujet devait remplir les intervalles laissés
à la componction des fidèles entre l’explication
de chacune des sept paroles. Les
directeurs de ce spectacle sacré firent courir
une annonce dans toute l’Europe, par
laquelle ils promettaient un prix considérable
à l’auteur qui enverrait sept grandes
symphonies exprimant les sentiments