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tel andante de Haydn qui peint une heureuse tranquillité.

En Allemagne, on est dans l’usage de figurer des tableaux connus. Toute une société, par exemple, prend des costumes hollandais, se divise en groupes, et figure, dans la plus parfaite immobilité et avec une rare perfection, un tableau de Téniers ou de Van Ostade.

De tels tableaux sur le théâtre seraient un excellent commentaire aux symphonies de Haydn, et les fixeraient à jamais dans la mémoire. Je ne puis oublier la symphonie du Chaos qui commence la Création, depuis que j’ai vu, dans le ballet de Prométhée, les charmantes danseuses de Vigano peindre, en suivant les mouvements de la symphonie, l’étonnement des filles de la terre sensibles pour la première fois aux charmes des beaux-arts. On a beau faire ; la musique, qui est le plus vague des beaux-arts, n’est point descriptive à elle seule.

Quand elle atteint une des conditions qu’il faut remplir pour décrire, la rapidité du mouvement, par exemple, elle perd la parole et les intonations si touchantes de la voix humaine : a-t-elle la voix, elle perd la rapidité nécessaire.

Comment peindre une prairie émaillée de fleurs par des traits différents de ceux