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entre Suzanne et Chérubin, au moment où il va sauter par la fenêtre ; on jouit de l’accompagnement ; mais, pour les paroles, elles marchent trop vite pour faire plaisir ; dans le duo

Svenami

du troisième acte des Horaces, n’est-il pas d’une invraisemblance choquante que Camille, furieuse, se disputant avec le farouche Horace, parle aussi lentement ? Je trouve le duo très bien ; mais ces paroles si lentes, dans une situation si vive, tuent le plaisir. Je me chargerais même de faire des paroles italiennes dans lesquelles Camille et Horace seraient deux amants déplorant ensemble le chagrin de ne pas se voir de quelques jours ; je les adapterais à l’air du duo Svenami, et je prétends que la musique peindrait aussi bien la douleur modérée de mes amants, que le patriotisme furieux et le désespoir de madame Grassini et de Crivelli. Si Cimarosa n’a pas réussi à exprimer ces paroles, qui se vantera de le faire ? Pour moi, il me semble que nous sommes arrivés là à une des bornes de l’art musical.

Un habitué de l’Opéra disait à un de mes amis : « Le grand homme que ce Gluck ! ses chants ne sont pas très agréables, il