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ne lui trouvez ni crudité ni invraisemblance. Il disait avoir trouvé l’idée de plusieurs de ces transitions dans les ouvrages de Bach l’ancien. Vous savez que Bach lui même les avait rapportées de Rome.

En général Haydn parlait volontiers des obligations qu’il avait à Emmanuel Bach, qui, avant la naissance de Mozart, passait pour le premier pianiste du monde ; mais il assurait aussi ne rien devoir au Milanais Sammartini, qui, ajoutait-il, n’était qu’un brouillon.

Je me rappelle fort bien cependant que, me trouvant à Milan, il y a une trentaine d’années, à une soirée de musique qu’on donnait au célèbre Mislivicek, on vint à jouer quelques vieilles symphonies de Sammartini, et le musicien bohème s’écria tout à coup : « J’ai trouvé le père du style de Haydn. »

C’était trop dire, sans doute ; mais ces deux artistes avaient reçu de la nature une âme à peu près semblable, et il est prouvé que Haydn eut de grandes facilités pour étudier les ouvrages du Milanais. Quant à la ressemblance, remarquez dans le premier quatuor de Haydn en b fa, au commencement de la seconde partie du premier temps, le mouvement du deuxième violon et de la viole : c’est le genre de Sammartini tout pur.