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Je ne puis me rappeler à laquelle des symphonies de Haydn ce petit roman a servi de fil. Je sais qu’il me l’indiqua ainsi qu’au musicien Pichl, mais je l’ai entièrement oubliée.

Pour une autre symphonie, le bon Haydn s’était figuré une espèce de dialogue entre Jésus et le pécheur obstiné ; il suivait ensuite la parabole de l’Enfant prodigue.

C’est de ces petits romans que proviennent les noms par lesquels notre compositeur désignait quelquefois ses symphonies. Sans cette indication, il est impossible de comprendre les noms de la Belle Circassienne, de Roxelane, du Solitaire, du Maître d’école amoureux, de la Persane, du Poltron, de la Reine, de Laudon, titres qui indiquent tous le petit roman qui guidait l’âme du compositeur. Je voudrais que les symphonies de Haydn eussent gardé des noms au lieu d’avoir des numéros. Un numéro ne dit rien ; un titre, tel que le Naufrage, la Noce, etc., guide un peu l’imagination de l’auditeur, qu’on ne saurait trop tôt chercher à ébranler.

On dit que jamais homme ne connut les divers effets des couleurs, leurs rapports, les contrastes qu’elles peuvent former, etc., comme le Titien. Haydn, aussi, avait une connaissance incroyable de chacun des