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faisaient des signaux d’adieu. Le vaisseau naviguait heureusement, et on abordait enfin à des terres inconnues. Une musique sauvage, des danses, des cris barbares, s’entendaient vers le milieu de la symphonie. Le navigateur fortuné faisait d’heureux échanges avec les naturels du pays, chargeait son vaisseau de riches marchandises, et, enfin, se remettait en route pour l’Europe, poussé par un vent propice. Voilà le premier motif de la symphonie qui revient. Mais bientôt la mer commence à s’agiter, le ciel s’obscurcit et une tempête horrible vient mêler tous les tons et presser la mesure. Tout est en désordre sur le vaisseau. Les cris des matelots, le mugissement des vagues, les sifflements des vents portent la mélodie du genre chromatique au pathétique. Les accords de superflue et de diminuée, les modulations se succédant par semi-tons, peignent l’effroi des navigateurs.

Mais peu à peu la mer se calme, les vents favorables reviennent enfler les voiles. On arrive au port. L’heureux père de famille jette l’ancre au milieu des bénédictions de ses amis et des cris de joie de ses enfants et de leur mère, qu’il embrasse enfin en mettant pied à terre. Tout, sur la fin de la symphonie, était allégresse et bonheur.