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sous les yeux cinq ou six définitions que j’ai notées dans mon carnet : en vérité, si quelque chose était capable de me faire perdre l’idée bien nette que j’ai de ce que c’est que le chant, ce serait la lecture de ces définitions. Ce sont des mots assez bien arrangés, mais qui, au fond, ne présentent qu’un sens vague. Par exemple, qu’est-ce que la douleur ? Nous avons tous, hélas ! assez d’expérience pour sentir la réponse à cette question ; et cependant, quoi que nous puissions dire, nous aurons obscurci le sujet. Je croirai donc, monsieur, être à l’abri de vos reproches, en me dispensant de vous définir le chant : c’est, par exemple, ce qu’un amateur sensible et peu instruit a retenu en sortant d’un opéra. Qui est-ce qui a entendu le Figaro de Mozart, et qui ne chante pas en sortant, souvent avec la voix la plus fausse du monde :

Non più andrai, farfallone amoroso,
Delle donne turbando il riposo, etc. ?

Les maîtres vous disent : Trouvez des chants qui soient à la fois clairs, faciles, significatifs, élégants, et qui, sans être recherchés, ne tombent pas dans le trivial. Vous éviterez ce dernier défaut et la triste monotonie en introduisant des dis-