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Écoutez Paolino-Crivelli chanter à ce comte, qui devient amoureux de sa maîtresse :

Deh ! Signor !

Voilà ce que c’est que le chant. Voulez-vous, par une méthode aussi facile, connaître ce qui n’est pas du chant ? allez à Feydeau ; prenez garde qu’on ne joue ni du Grétry, ni du Della-Maria, ni la Mélomanie. Écoutez la première ariette venue, et vous saurez mieux que par mille définitions ce que c’est que de la musique sans mélodie.

Il y a peut-être plus d’amour pour la musique dans vingt de ces gueux insouciants de Naples, appelés lazzaroni, qui chantent le soir le long de la rive de Chiaja, que dans tout le public élégant qui se réunit le dimanche au Conservatoire de la rue Bergère. Pourquoi s’en fâcher ? Depuis quand est-on si orgueilleux des qualités purement physiques ? La Normandie n’a point de bois d’orangers, et cependant c’est un beau et bon pays : heureux qui a des terres en Normandie, et qui a la permission de les habiter ! Mais revenons au chant.

Comment définir, d’une manière raisonnable, quelque chose qu’aucune règle ne peut apprendre à produire ? J’ai