Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LETTRE VIII

Salzbourg, le 30 Avril 1809


Enfin, mon cher ami, vous avez reçu mes lettres : la guerre qui m’environne ici de toutes parts me donnait quelque inquiétude sur leur sort. Mes promenades dans les bois sont troublées par le bruit des armes : dans ce moment j’entends bien distinctement le canon que l’on tire à une lieue et demie d’ici, sur la route de Munich ; cependant, après quelques réflexions assez tristes sur le sort qui m’a ôté ma compagnie de grenadiers, et qui, depuis vingt ans, m’éloigne de ma patrie, je m’assois sur le tronc d’un grand chêne couché par terre : je me trouve à l’ombre d’un beau tilleul, je ne vois autour de moi qu’une verdure charmante, et qui se dessine bien nettement sur un ciel d’un bleu foncé[1] ; je prends mon petit

  1. Faux. Criminelle imitation de Corrège. Peinture belle en soi, mais fausse, en avril, en Bavière ; le ciel bleu surtout. (Note manuscrite de l’ex. Mirbeau.)