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tivateurs aux États-Unis sont peu satisfaits de leur position isolée, et disent sans cesse : « C’est un pays perdu, on ne sait avec qui faire la conversation » ; au contraire des colons d’origine allemande et anglaise, qui passent fort bien dans le silence des journées entières.

Je croirais que cette bienheureuse conversation, remède à l’ennui français, n’excite pas assez le sentiment pour soulager la mélancolie italienne.

C’est d’après des habitudes filles de cette manière de chercher le bonheur que le prince N…, qu’on me citait à Rome comme un des hommes les plus aimables d’Italie, les plus roués, nous faisait de la musique à tout bout de champ chez la comtesse S…, sa maîtresse[1]. Il était en train de manger une fortune de deux ou trois millions : son rang, sa fortune, ses habitudes, auraient dû en faire un ci-devant jeune

    la Louisiane et du Canada, on ne saurait citer un colon de cette nation établi hors de la portée ou de la vue d’un autre. En plusieurs endroits, ayant demandé à quelle distance était le colon le plus écarté : « Il est dans le désert, me répondait-on, avec les ours, à une lieue de toute habitation « sans avoir personne avec qui causer. »

    Volney, Tabl. des États-Unis, p. 415.

  1. Sur l’exemplaire Mirbeau, Stendhal a noté en marge de prince N. : Vidman, et de comtesse S. : Gina. Il s’agit du baron Louis Widmann, capitaine de la compagnie des gardes d’honneur à Venise avec lequel il se lia en 1811, et de cette amie qu’il désigne sous le nom de comtesse Simonetta. N. D. L. E.