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furent prises pour emmener les malades et les blessés, et les soins qu’on leur donna, lui valurent les louanges des Anglais. M. Desgenettes qui était médecin en chef de l’armée de Syrie, est aujourd’hui un royaliste prononcé, mais, même depuis le retour des Bourbons, il n’a jamais parlé de la conduite de Napoléon envers ses malades sans les plus grands éloges.

Le célèbre Assalini, médecin à Munich, se trouvait aussi en Syrie, et, quoiqu’il n’aime pas Napoléon, il en parle comme Desgenettes. Au moment de la retraite de Saint-Jean-d’Acre, Assalini ayant fait un rapport au général en chef, duquel il résultait que les moyens de transport pour les malades étaient insuffisants, il reçut l’ordre de se rendre sur la route, d’arrêter tous les chevaux de bagages, et même de démonter les officiers. Cette mesure pénible reçut son entière exécution, et l’on n’abandonna pas un seul des malades qui, au jugement des médecins, avaient quelque espoir de guérison. À l’île d’Elbe l’empereur, qui sentait que la nation anglaise compte parmi ses citoyens les têtes les plus saines de l’Europe, invita plusieurs fois lord Ebrington à le questionner franchement sur les événements de sa vie. D’après cette permission, quand le lord en fut venu au bruit d’empoisonne-