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CHAPITRE XIII


Napoléon a lui-même raconté à plusieurs personnes, qu’il eut l’intention de faire administrer de l’opium comme poison à quelques malades de son armée. Il est évident, pour qui l’a connu, que cette idée provenait d’une erreur de jugement, nullement de mauvais cœur, et moins encore d’indifférence pour le sort de ses soldats. Tous les récits sont d’accord[1] sur les soins qu’il donna, dans sa campagne de Syrie, aux malades et aux blessés. Il fit ce qu’aucun général n’a encore fait : il visita en personne les hôpitaux des pestiférés. Il conversait avec les malades, écoutait leurs plaintes, voyait par lui-même si les chirurgiens s’acquittaient de leur devoir[2]. À chaque mouvement de son armée, et particulièrement à la retraite de Saint-Jean-d’Acre, sa plus grande sollicitude fut pour son hôpital. La sagesse des mesures qui

  1. Même l’histoire calomnieuse du général Robert Wilson.
  2. Il voulut engager M. Desgenettes à soutenir publiquement que la peste n’était pas contagieuse, la vanité de celui-ci s’y refusa.