Page:Stendhal - Vie de Napoléon.djvu/330

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faire seconder par vingt gentilshommes. Il n’y avait pas possibilité de manquer Napoléon. Une fois mort, tout le monde eût abandonné ce parti. Si les partisans craignaient mal à propos d’être écharpés en tirant, ils pouvaient se placer dans la maison d’un nommé Eymar qui donne sur le rempart et, de l’autre côté, sur la partie du rempart qui est renfermée dans la caserne. Le fait est que dans ce moment de trouble extrême, tous les desseins hardis eussent réussi. On pouvait avec la même facilité placer vingt gentilshommes dans les maisons du faubourg Saint-Joseph, devant lesquelles Napoléon passa, à quinze pieds des maisons.

Après trois quarts d’heure de pourparlers et d’incertitude, la garnison, au lieu de faire feu, cria : Vive l’empereur. Comme les portes ne s’ouvraient pas, les habitants du faubourg apportèrent des poutres et, aidés par les habitants de la ville, enfoncèrent cette porte qui se trouva très solide, Grenoble ayant été sur le point de soutenir un siège un an auparavant. Comme la porte tombait, les clés arrivèrent. Les huit lanciers trouvèrent en entrant une foule d’habitants qui se précipitaient avec des torches allumées au devant de Napoléon qui, un instant après, entra à pied et seul à vingt pas en avant de ses gens.