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prendre un ; il dit qu’il marcherait à pied. Drouot en fit autant[1]. Cambronne et Molat montèrent à cheval. L’empereur donna au colonel Jermanowski une poignée de napoléons en lui disant de se procurer quelques chevaux de paysans. Le colonel donnant aux paysans tout ce qu’ils demandaient, en acheta quinze. On les attela à trois pièces de canon amenées de l’île d’Elbe et à un canon que la princesse Pauline avait donné à son frère. On vint annoncer le mauvais succès d’Antibes. « Nous avons mal commencé, dit l’empereur, nous n’avons maintenant rien de mieux à faire que de marcher aussi vite que nous pourrons et de gagner les passages des montagnes avant que la nouvelle de notre débarquement y soit arrivée. » La lune se leva et Napoléon avec sa petite armée se mit en marche à onze heures du soir. On marcha toute la nuit. Les paysans des villages à travers lesquels on passait, ne disaient rien ; ils levaient les épaules et branlaient la tête quand on leur disait que l’empereur était de retour. À Grasse, ville de 6.000 âmes, que l’empereur traversa, on croyait que des pirates avaient débarqué et tout était en alarmes. Les boutiques et les fenêtres étaient fer-

  1. Hobhouse, 122, 123, 180.