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les îles d’Elbe et de Capraia, en vue des croiseurs anglais et français. La nuit cependant n’avait pas été entièrement perdue, les soldats et l’équipage avaient été employés à changer la couleur extérieure du brick. Il était jaune et gris ; on le peignit en noir et blanc. C’était un faible moyen d’échapper aux gens intéressés à observer l’île d’Elbe.

Il fut question de retourner à Porto Ferraio ; mais Napoléon ordonna de continuer à marcher, se déterminant, en cas de nécessité, à attaquer les croiseurs français. Il y avait dans les eaux de l’île d’Elbe deux frégates et un brick ; à la vérité on les croyait plus disposés à venir se joindre à la flotte impériale qu’à la combattre ; mais un officier royaliste un peu ferme pouvait faire tirer le premier coup de canon, et entraîner son équipage. À midi, le vent fraîchit ; à quatre heures, la flottille se trouvait vis-à-vis de Livourne. On eut la vue de trois vaisseaux de guerre, et l’un d’eux, un brick, faisait voile sur l’Inconstant. Les sabords furent fermés. Les soldats de la garde quittèrent leurs bonnets et se couchèrent sur le pont. L’empereur avait le projet de monter à l’abordage du brick, mais c’était une dernière ressource dans le cas seulement où le vaisseau royal ne vou-